Durant ces trois jours, nous avons proposé à Michel et Eva de nous occuper de Terre au Soleil pour qu’ils puissent partir en famille quelques jours. Pour nous c’est aussi un test grandeur nature pour savoir si nous sommes « mûrs » pour le futur projet de gîte / chambres d’hôtes / écuries privées qui nous tient à cœur et que nous réfléchissons.

Arrivée en fin de journée le 23 au soir, nous nous installons dans la « Casa Golega » dite la petite maison où nous allons passer les trois jours suivants. J’ai apporté avec moi la feuille où tout est noté : les heures et l’ordre de sortie au paddock, les heures de repas des chevaux, les rations, la nourriture des chiens et des chats, bref, le parfait petit agenda équestre LOL

Nous mangeons tous ensemble autour d’un barbecue « Saucisses » - lesquelles saucisses auront un sursaut de vitalité en atterrissant sur l’herbe en plein milieu de la cuisson. Qu’à cela ne tienne, elles ont tout de même été dévorées jusqu’à la dernière !

Lorsque j’aborde le sujet de la présentation de Movento au mois d’octobre, Bidouille nous fait part de ses doutes : saura t’elle ? et si il ne l’écoute pas ? Et si …. Mais si Bidouille tu es capable d’y arriver, j’en suis sure. Je te fais confiance !!!!!

La tarte sur fond de crème anglaise clôture un repas bien sympathique et tout le monde regagne son nid douillet pour passer la nuit. Demain, 8 heures, je me lève pour nourrir …

La Casa Golega est vraiment très sympathique : confort, calme, rien à redire … sauf qu’il est bien dur de sortir du lit le lendemain de cette première nuit. Au premier cri du réveil , je saute dans mon jeans et je file. Les chiens m’accueillent par des aboiements lorsque je pousse la grille. Chutttt ….

Je rentre dans la première écurie et là, l’ambiance s’agite. Ca renacle, ça tourne, ça tape dans les planches. Mon Loulou est toujours aussi « sympathique » à l’heure des granulés : bananes en arrière, toutes dents dehors, si on se laissait impressionner, ça lui plairait vraiment. Et bien non, c’est raté Movento, tu te calmes et tu attends ton tour. Je dose mes rations, je rajoute l'huile pour Exento et très rapidement le calme revient, bercé par le « schcroune schroune » des dents des chevaux. Il est temps de passer à la seconde écurie où les chevaux accueillent le repas avec plus de calme.

Il est 8 heures 30. La sortie en paddock ne sera que pour dans une heure. J’en profite pour aller faire une grande balade à la fraîche avec la chienne.

Terre au Soleil dort encore …

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Première tentative en réduisant l’amplitude du pas mais en demandant à Movento de passer toute son énergie pour monter son dos. Ce sera long et laborieux, très laborieux. Eva pousse avec la chambrière, j’essaie de m’enfoncer dans ma selle, de comprimer Movento mais Dieu que cet exercice est difficile. Nous sommes à main gauche, tout au fond du manège. Movento est alors un peu bloqué par le mur et ne peut plus reculer. Il esquive des pas de côté pour s’échapper mais nous le remettons droit sur la piste. Et là, deux pas de piaffer, juste avec les antérieurs. Je n’ai rien senti, Eva a vu et Movento est chaudement récompensé. La cavalière est liquéfiée tellement elle n’en peut déjà plus. Mais Mimi, il faut travailler cela aussi à l’autre main …. Si si si ….

Changement de main donc, piste à main droite. Movento a du mal a comprendre une demande que j’ai bien du mal à formuler. Allons nous y arriver mon beau ? Je n’arrive pas à ouvrir mes épaules – je suis légèrement voussée de nature – et à donner le rythme. Movento se dandine comme une anguille. Changement de position de ma part : je prends alors les rènes dans une seule main et la badine dans l’autre, pour donner le rythme avec au niveau de la croupe du Loulou. Cette position me fait relever légèrement les mains et Movento reporte soudain son poids derrière. Magie ! L’autre main se décale vers l’arrière et là je sens mes épaules qui s’ouvre du fait du recul de l’épaule droite.

Instant magique de quelques secondes. Movento est sur place, léger devant – je n’ai pas un gramme dans les mains – et je donne avec ma baguette le rythme que je peine à donner avec mon assiette. Eva veille au grain à côté avec la chambrière et là ……. Trois ou quatre pas, merveilleux ! pour la première fois de ma vie j’ai ressenti le piaffer et c’est avec mon cheval.

Nuage de bonheur !

Pardon Movento pour mon inexpérience à moi qui te perturbe mais Merci mon joli Grisou pour cette expérience unique que tu viens de me faire vivre.

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Que dire ce cette journée où Movento m’avait clairement indiqué qu’il ne souhaitait pas travailler ?.... Cela m’a fait sourire un peu au début mais devant son manque d’entrain, je crois que je me suis un peu fâchée, histoire de le faire bouger un peu. Car devant une détente aussi molle et un début de travail au pas sans ressort, il y a parfois de quoi désespérer. Et pourtant qu’il est beau mon grisou lorsqu’il veut bien se donner la peine ….

Ho bien sur, je me suis encore battue avec mes appuyés. Si ma demande devient « interprétable » pour mon Loulou, elle est par contre trop dosée et nous rejoignons la piste bien trop tôt, en marchant de beaucoup trop latéralement. Eva pensait que cela irait mieux au trot avec plus d’impulsion mais que nenni.

Mais très exceptionnellement, ce ne sont pas ces appuyés si laborieux qui ont laissé le germe de leur souvenir dans mon esprit. Non non non c’est autre chose …..

Et cet autre chose est arrivé … lorsqu’Eva a demandé à Claude si il y avait une baguette de travail à pied dans le manège …. Une baguette de travail à pied ??????? mais pour quoi faire ????? Il n’y en a pas , Qu’à cela ne tienne, nous prendront la chambrière.

Et là tout s’est mis en place dans mon esprit : pas de doute, nous entamions une tentative de piaffer. Tout de suite les souvenirs de la seule séance où nous avions essayé est revenu à mon esprit. Et ce jour là, je n’y étais pas parvenu …

Détends toi Mimi et écoute ce qu’Eva te demande.

Retroversion du bassin, les jambes très reculées – aie, décidemment c’est vraiment anti naturel pour moi, les épaules ouvertes, un cheval qui reporte son poids sur l’arrière main et l’assiette qui donne la cadence.

On y va.

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Dans 30 ans de notes et de correspondances avec Maître Nuño Oliveira, Paroles du Maître.

La belle équitation.

Le jeune cheval dans son pâturage est beau parce qu’il n’est pas gêné.

Monté, il perd cette grâce et cet équilibre, le poids du cavalier le gêne.

C’est donc à son dos qu’il faut d’abord s’intéresser : le cavalier par son assiette parfaite et le relâchement de son rein, se laisse aller sans presque agir sur les rênes et se contente de cadencer l’allure. Il s’attache aussi à m’impulsion par la diligence des hanches.

La volte et l’épaule en dedans que La Guérinière, le père de l’équitation civilisée, nous a transmises sont les exercices par excellence. Elles donnent l’obéissance aux jambes, rendent la bouche aimable et gymnastiquent le dos et le rein ; les jarrets viennent alors à la rencontre de la bouche. Si l’incurvation est parfaite, le contact de la bouche devient égal des deux côtés. La main fixe parvient vite aux arrêts et aux reculers.

Le cavalier calme et fixe dans sa selle habitue son cheval à se couler dans le couloir des aides, sur les lignes droites comme dans les courbes.

Il doit être souple dans son dos, ses mains et ses jambes, et n’utiliser que ses jambes molles ⁽¹⁾ qui maintiennent l’impulsion et la cadence moelleuse. Elles poussent le cheval en avant sans contraction, par des caresses.

Le cheval exécute les airs avec bonheur parce qu’il est heureux. Il se meut comme un félin. C’est là je crois la marque de la belle équitation, l’art d’arriver sans contraintes apparentes à l’exécution correcte et brillante.

Le cheval se plaît dans ces airs, son dos se remonte, il pointe ses oreilles en avant : le cavalier se repose. Cela est l’art équestre, la belle équitation française. Hommage soit rendu aux grands maîtres français artisans de cette cathédrale.

                                                                       Nuño Oliveira

                                    Povoa de Santo Adrião, le 19 juin 1964

(1)   les jambes molles : il disait aussi « les jambes dans os » ce qui évoquait pour lui leur utilisation comme deux lanières de cuir

Après avoir aidé Eva à nourrir, nous sommes repartis tard et l’arrivée sur Nancy s’est faire tout près des 23 heures.

A l’heure où j’écris, de nouveau muscles se réveillent, ceux des hanches, ceux qui se tétanisent tant et me font attraper des crampes tant j’ai du mal à trouver cette bonne position dans ma selle. Les épaules sont douloureuses également à force d’avoir essayé de garder une position avec des épaules ouvertes, non voutée.

Mais je baigne toujours dans mon nuage de bonheur.

Sans doute irons nous à Terre au Soleil sur plusieurs jours dans les temps à venir pour permettre à Michel, Eva et aux enfants de s’échapper quelques jours.

Cela me réjouit.

Je ne sais toujours pas si Movento sera présenté pour l’évaluation d’octobre mais qu’à cela ne tiennent, je crois que nous irons passer un week end en Belgique juste pour le plaisir des yeux et pour la représentation qui sera donnée. Photographe à ton appareil : le reportage sera dense !

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