La journée s'écoule sous un froid soleil de février. J'assiste à une répétition de Carrousel organisé en l'honneur de la troupe qui doit arriver; j'observe, songeuse, Enak, élève appliqué sous la selle d'Eva, Exento le beau gosse que Princesse Chocolat fait s'appliquer au pas espagnol. Et Fado le sensible, superbe cheval gris qui délibérément cette après midi a décidé de ne pas mettre un pied dans les flaques d'eau que le ciel a déposées dans la carrière. Eva la petite n'en fera rien, et c'est à regret qu'elle quitte les lieux pour emmener le beau gris dans le manège où visiblement tout se passe bien. Ce sera un coup de poker pour la représentation de ce soir : si Fado le veut, ils formeront tout les deux un couple merveilleux, si il ne veut pas, je crois qu'il ne sera pas de la représentation ?
Mais dieu que Enak semble léger, lui que j'ai croisé de dos tout à l'heure et dont la croupe m'a fait penser à un cheval demi trait ... Erreur ... quand on le voit ainsi monté par Eva, il devient aérien.
Surprise de taille en fin de journée ... La petite Eva - alias Bidouille - voit arriver sa maman et toute une troupe d'amies venues de Belgique. Elle n'en croit pas ses yeux. Mais quelle n'est pas sa tête lorsqu'elle apprend que la troupe qui devait passer ce soir n'est que fiction, un alibi, pour préparer une grande fête d'anniversaire, SON anniversaire ...
Fado ne fera pas le Carroussel ce soir là mais Bidouille nous fera une démonstration de main de maître le lendemain matin.
Nuit de plomb dans une chambre douillette, ancienne chambre de palefrenier de ce que nous en a dit Michel.
Matin frileux ... des rais de lumières pénètrent dans la pièce. Claude se lève pour aller promener la chienne en me laissant profiter encore un peu de la tiédeur de la couette.
La dernière surprise de ce week end sera un petit déjeuner géant, en plein centre de la carrière, sous un soleil de Février qui réchauffe les coeurs ...
Et voilà comment, par un week end de février, la passion refoulée est réapparue, voilà comment à peine avions nous quitté Terre au Soleil que je parlais déjà de revenir, conquise par cette révélation ibérique !!!
Beaucoup de travail au pas, beaucoup de travail pour tenter de trouver un peu de précision dans les figures, pour avoir une jument qui marche droit, entre dans les coins.
Et ce sont mes premières foulées vers les mouvements qui mobilisent hanches et épaules.
Eva m'explique, recommence sans cesse, sans brusquerie, dans une grande patience devant mes erreurs répétées.
Et soudain, un petit déclic, la jambe droite à la sangle, les deux mains qui amène le bout du nez à droite et la jambe extérieure qui maintien l'impusion ... je viens de sentir ma première contre épaule en dedans !!! Nous répétons les gestes, à main gauche, à main droite. C'est la figure la plus simple mais je suis sur un petit nuage de bonheur d'avoir maladroitement réussi. Pardonne moi Ménina, tu es une jument exemplaire.
La leçon s'achève, je remets pieds à terre et le sol un instant semble vouloir s'effacer. Je suis épuisée !
Retour à l'écurie, je bichonne ma grisette qui a du se demander combien de temps allait encore durer le supplice. Dernier coup de brosse, couverture et elle retourne dans son box. Le temps pour moi de souffler et ... j'apprends alors que je remonte une heure demain. Vais-je pouvoir me remettre en selle ? Je me demande vu l'état de courbature que je découvre peu à peu ...
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Comment ai-je pu durant toutes ces années où je suis montée en club, passer à côté de l'essentiel ?Je suis montée plus de vingt ans sans jamais comprendre ce que je faisais. Et là, en une heure, je visualise la locomotion de la jument, les effets de ma jambe si à cet instant précis je la place à la sangle, l'importance de mes DEUX mains pour effectuer un cercle ...
Remise en question totale mais quel grand bonheur !!!
Je ne savais alors pas que ce grand bonheur, dans un futur tout proche, c'est un bel ibérique gris qui allait me le faire vivre ...
1. ananasliam le 10-08-2009 à 15:08:27
Si on le savit à l'avance ce ne serait pas drôle !!!
Commentaires