Nous discutons autour d'une tarte et d'un café gentiment offert, à l'ombre de l'arbre. Nos avis se rejoignent en terme de respect, d'observation des animaux. Je prends note au passage de quelques rituels qui ont été mis en place : Movento est attaché une demi heure tous les jours, il a droit à un bonbon quand il arrive à maîtriser ses envies de mordiller au sanglage. Yvonne me dit que parfois, 20 minutes de travail très bon suffisant et qu'il rejoint son box pour réfléchir à ce qu'il vient de faire. Quel contexte épanouissant.

La temps passe hélas trop vite.

Les questions du prix et du transport sont des éléments qui trouvent rapidement terrain d'entente. Là encore, nous nous rendons compte combien Yvonne et Francis sont un couple plein d'humanité. Ce sont vraiment des gens "biens".

Nous prenons à regret le chemin du retour.

Le lendemain, Claude téléphonera à Michel et à l'issue de ce coup de fil, Movento est attendu en des lieux qu'il connaît déjà pour y être allé lors d'un Stage de Valérie Fratellini.

C'est le début d'une autre vie qui débute, si bien illustrée par un poème de Claude que je trouve un matin dans ma boîte à lettre  ... Allez le relire tout au début de mon blog !

Missy l'emmène ensuite dans la carrière où le couple me révèle une part des potentialités du beau gris. Cela s'avèrera beaucoup plus difficile pour moi par la suite ... sourire ... Ma puce qui a fait tout ce voyage avec nous est très fière de se retrouver sur le dos d'un si grand cheval. Movento m'impressionne de calme et sérénité. Rien ne le perturbe.

Yvonne me dira ensuite que si - durant le travail - il se met à chanter, c'est pour dire « bonjour aux copains ». Il suffit de le concentrer sur ce qu'il a à faire. Qu'il chante n'est pas un problème, il a le droit de s'exprimer LOL. De même si le passage à proximité d'un congénère lui fait prendre un comportement de dominant, toujours se dire que jamais cela n'est dirigé contre l'homme.

Yvonne est une femme pleine de psychologie et l'on sent au fil de la discussion qui se déroule la peine qu'elle va éprouver à se séparer de son cheval.

Nous apprenons qu'il aurait pu déjà quitter la maison. Mais le voir partir avec des cavalier randonneurs n'était pas ce qui convenait le mieux à ce cheval.

Alors notre idée de le placer chez Eva et Michel semble un bon compromis. Eva pourra le travailler et moi venir progresser grâce à lui, tout cela dans une ambiance fort semblable à celle qu'il a connu jusque là. Ce ne sera certes pas une consolation pour Yvonne mais c'est un compromis qui garantit le bien être de Movento.

Nous nous dirigeons vers Movento et Yvonne me le présente. C'est un superbe lusitanien gris, 1m61, costaud et bien mis. Je le regarde pendant qu'il se laisse aborder et préparer. Yvonne me raconte sa relation avec lui. Movento est un entier dominant et il ne faut pas que cette dominance s'exprime par rapport à l'homme. Elle a mis en place des rituels : Movento a appris à baisser la tête quand elle le saisit au toupet, en signe de soumission. Elle ne lui laisse pas non plus le choix quand elle circule dans le box : il « doit » se pousser et lui laisser la place. J'observe ....

Movento est un entier et l'instinct le pousse à mordre. Cela se passe surtout au moment de seller. Yvonne encore une fois est très ferme mais tout en douceur. Chaque tentative est réprimée et quand Movento accepte de renoncer, il place sa langue d'une manière qui me fait soudain rire : il la tord dans sa bouche de façon à pouvoir la mordre et en laisse ressortir l'extrémité sur le côté des lèvres. Un vrai comique ! ! ! ! ! !

Nous prenons la route en fin de matinée. Nous avons prévu de retrouver la propriétaire de Movento vers 13 heures 30, chez eux, dans un petit village de Belgique situé à deux heures de route de la maison.

Nancy, Longwy où nous faisons une rapide pause déjeuner, la frontière et enfin la campagne belge dans la région d'Arlon. Nous étions prévenu mais ce que nous rencontrons sur la route dépasse toutes nos espérances en terme de signalisation ... Bref, c'est presque par hasard que nous découvrons notre village de destination et ... c'est en en ressortant que nous nous apercevons qu'il s'agit bien de celui ci ! ! ! ! !

De leur côté, Yvonne et Francis nous ont vu passer et attendent notre demi-tour.

Leur maison a été détruite par un incendie et il ne reste plus que les quatre murs d'enceinte pour en rappeler l'emplacement. J'imagine ma détresse et le désarroi qu'ils ont du ressentir dans les temps qui ont suivi.

Après une rapide présentation, nous nous dirigeons vers l'arrière de la propriété qui n'a pas été touche. Et là ... je le vois pour la première fois mon beau gris, calme, placide, la tête dans l'encadrement de sa porte, une longue crinière qui lui couvre l'encolure. Et tout autour un havre de paix ... Une carrière sur laquelle donne les écuries et, tout au bout, un arbre qui étend son ombre sur un petit coin de détente avec table et chaise. Juste à côté, le doux bruit de l'eau qui s'écoule dans un bassin où les carpes Koi viennent vous téter les doigts. Le temps s'arrête dans cet espace où règne tant de sérénité.

C'est mercredi que j'ai rappelé Yvonne, alias Missy.

Le troisième appel a été le bon et la liaison France Belgique est établie.

Nous décidons d'une rencontre dimanche en tout début d'après midi pour que je puisse faire connaissance avec Movento de Crau. L'impatience gagne.

Un itinéraire rapidement brossé sur internet nous donne un temps de trajet d'un peu plus de deux heures. Tout va bien, nous ne sommes pas si loin.

Un dernier message à Terre au Soleil pour les tenir informés de l'évolution de mon « coup de coeur » et je ferme les yeux sur une nuit paisible, pleine d'images de mon beau gris.

Le 23 Juin sera la date de LA rencontre.

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